6.2.06

À propos d'un titre

Les derniers humains s'est imposé dès le départ comme titre de mon blog d'entraînement. J'ai longtemps gardé cette chronique de Pierre Foglia publiée dans La Presse. Je l'ai perdu depuis le temps, mais j'ai retrouvé une copie (Google: 0,90 seconde) dans le Journal du club de course à pied de l'Université Laval (mon Alma Mater!). Je vous l'affiche, sans permission alors ne dites rien à Monsieur Foglia:
LES DERNIERS HUMAINS
La Presse, 23 avril 2002

Peut-on parler de sport deux minutes? Ça ne dérange pas trop si ce n'est pas du patinage courte piste? S'il n'y a pas eu de chicane de juge? Si ça ne fait pas vroum-vroum? Remarquez c'est de la Formule Un aussi, mais pour humains à pied, les derniers.

Ils courent 42 kilomètres et 195 mètres, ils arrivent de la nuit des temps, naufragés dirait-on du Moyen Âge, ce sont les derniers humains grandioses: les marathoniens. C'était à Londres, la semaine dernière. Il y avait Khannouchi, le petit Marocain de Brooklyn. En 1999, à Chicago, il courait le marathon le plus vite de l'histoire 2h05m42s. «J'aurais tellement voulu offrir ce record à l'Amérique », regrettait-il. L'été dernier à Edmonton, enfin américain, il abandonnait le marathon des championnats du monde à mi-course. Il y avait Gebreselassié, l'Éthiopien, deux fois champion olympique du 10 kilomètres. La foulée la plus fluide, depuis l'autre là, j'oublie son nom, qui courait sur les eaux. Attendez que Gébré passe au marathon, disait-on, attendez... On n'ose pas le dire trop fort de peur de passer pour des fous, mais nous sommes quelques-uns à croire Gébré capable de courir le marathon en 2h02.

Après 39 kilomètres, ils étaient trois devant. Khannouchi, Gébré et Paul Tergat le Kényan. Gébré s'asperge. Khannouchi lui lance un regard, croit déceler une souffrance sur son visage, donne un petit coup d'accélérateur pour voir, Gébré ne répond pas. Khannouchi et Tergat s'enfuient. Nouveau record du monde pour Khannouchi. 2h05m38s. Gébré, troisième, établit la septième meilleure performance de tous les temps (2h06m35s) à son premier marathon. Chez les femmes, l'Anglaise Paula Radcliffe l'emporte en 2h18m56s, deuxième meilleure performance mondiale. Elle courait elle aussi son premier marathon...

Le même jour, en Italie, Michael Schumacher, le cul bien assis dans la voiture la plus rapide, terminait premier du Grand Prix d'Imola. Rubens Barrichello, le cul bien assis dans la deuxième voiture la plus rapide, terminait deuxième. Une course d'une platitude inouïe, rapportait notre envoyée spéciale Stéphanie Morin. Devinez de quoi on parlait le lendemain?

Ils courent 42 kilomètres et 195 mètres, ils arrivent de la nuit des temps, naufragés dirait-on du Moyen Âge. De leurs foulées élastiques ils traversent des villes pleines d'adolescents obèses. Ce sont les derniers humains grandioses: les marathoniens.


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